Inventaire de participation à la vie familiale

Lacharité (1997), résumé rédigé par Marie-Eve Genest

L’inventaire de participation à la vie familiale (IPVF) est un instrument de mesure développé par Lacharité (1997) qui permet d’évaluer la perception du partage des responsabilités familiales entre les conjoints, principalement au sujet de la prise en charge des activités parentales. Les tâches familiales étudiées par cet instrument concernent les soins aux enfants et les tâches domestiques (féminines et masculines), bien que deux autres catégories d’activités puissent aussi y être associées, soit les tâches économiques et sociales. L’évaluation des dimensions mentionnées ci-dessus s’appuie sur les travaux de Barnett et Baruch (1987). L’IPVF comporte 20 items décrivant différentes activités régulières et typiques qu’ont à effectuer les membres d’une famille avec de jeunes enfants. Onze items décrivent des activités centrées sur les soins aux enfants et neuf abordent les tâches domestiques. Parmi ces derniers items, cinq font référence à des tâches associées à un stéréotype féminin (par exemple « préparer les repas »), alors que les quatre autres se réfèrent à un stéréotype masculin (par exemple « s’occuper des menus travaux de réparation dans la maison ou le logement »).

Les réponses du parent sont fournies sur une échelle de type Likert en sept points, qui représente la perception du partage des responsabilités entre le père et la mère à l’égard de chacune des activités mentionnées (une version simplifiée employant une échelle en cinq points peut également être utilisée ; voir Lacharité, 1997).

L’échelle représente un continuum qui indique à un extrême que la responsabilité d’une tâche donnée est exclusive à la mère (100 %-0 %) et à l’autre extrême que la responsabilité d’une tâche donnée est exclusive au père (0 %-100 %). Les valeurs médianes concernent la perception du parent lorsqu’il y a prépondérance de l’implication d’un des parents à une tâche assumée de façon partagée. Par exemple, si la mère considère qu’elle et son conjoint s’impliquent régulièrement à « superviser l’hygiène personnelle de l’enfant », mais que son implication à elle reste néanmoins plus fréquente ou plus marquée que celle de son conjoint, celle-ci pourrait choisir le chiffre 3 qui correspond aux pourcentages 60 %-40 %. Plus le deuxième pourcentage est grand, plus le parent attribue au père une responsabilité dans une activité donnée.

Quatre scores permettant de quantifier le degré de participation paternelle sont disponibles : les soins à l’enfant, les tâches domestiques féminines, les tâches domestiques masculines et un score pour le partage total des responsabilités. Le calcul des scores de chacune de ces sous-échelles s’effectue en calculant le score moyen des items de la sous-échelle (la somme des items divisée par le nombre d’items de la sous-échelle). Plus le score d’une sous-échelle est élevé, plus le sujet considère que la participation paternelle est grande sur ce plan.

Fidélité

L’analyse des coefficients de fidélité (alpha de Cronbach) indique que les onze items portant sur les soins à l’enfant sont homogènes : 0,90 chez les femmes et 0,88 chez les hommes. Les cinq items concernant les tâches domestiques féminines obtiennent un alpha de 0,82 pour les femmes et de 0,79 pour les hommes. Les quatre items portant sur les tâches domestiques masculines obtiennent, quant à eux, un alpha de 0,86 pour les femmes et de 0,85 pour les hommes. Le partage total des responsabilités obtient respectivement un alpha de 0,92 et de 0,88 pour les femmes et les hommes. Ainsi, l’ensemble des échelles de l’IPVF est homogène indépendamment du sexe du répondant.

La stabilité temporelle à court terme de l’IPVF a été confirmée à partir de la corrélation test-retest pour une portion de l’échantillon sur une période de trois mois, la corrélation obtenue pour le score concernant le partage total étant de 0,85.

Validité

Les résultats de l’IPVF ont été mis en relation avec l’Échelle d’ajustement dyadique (Spanier, 1976), l’Inventaire des problèmes de comportement chez l’enfant (Achenbach, 1991), la Mesure du réseau de soutien social (Lepage, Vezina et Desrosiers, 1990), l’Inventaire de Stress Parental/Forme brève (Abidin, 1995) et l’Inventaire sur le sentiment de compétence parentale (Gibaud-Wallston et Wandersman, 1978). La plupart de ces résultats tendent à confirmer la validité de construit de l’instrument. Il semble entre autres que la perception de la mère vis-à-vis du partage des responsabilités familiales soit significativement associée au degré d’ajustement conjugal et à la qualité du soutien social, ce qui n’est pas le cas pour le sous-groupe des pères. Aucune corrélation n’est toutefois significative lorsqu’il est question des caractéristiques comportementales et psychologiques pouvant indiquer la présence de problèmes chez l’enfant en fonction de la perception du partage des responsabilités familiales, et ce, autant chez les mères que les pères.

En outre, bien que le stress parental ressenti par la mère ne soit pas associé au degré de partage des responsabilités familiales, le stress ressenti par le père semble être négativement associé à sa propre perception du partage des responsabilités familiales ainsi qu’à celle de sa conjointe. Pour ce qui est du sentiment de compétence parentale, il semblerait que ce dernier soit peu associé, chez la mère comme chez le père, au degré de partage des responsabilités familiales. Toutefois, comme pour le stress parental, le sentiment de compétence parentale ressenti par le père est significativement associé au degré de partage des responsabilités familiales tel que perçu par sa conjointe. En effet, plus le père rapporte se sentir compétent (et plus particulièrement se sentir efficace) dans son rôle de parent, plus sa conjointe a tendance à rapporter qu’il participe à la vie familiale (Lacharité, 1997).

Utilisation en recherche québécoise

Lacharité et Lachance (1998) ont utilisé l’IPVF dans une recherche visant à évaluer la perception de la participation du père à la vie familiale dans les familles manifestant des difficultés psychosociales. Cette étude réfléchit sur les représentations des gens vis-à-vis du rôle du père dans la participation à la vie familiale. Il semblerait notamment que les hommes ont tendance à s’attribuer plus de responsabilités que ce dont témoigne leur conjointe, et ce, autant chez les familles manifestant des difficultés psychosociales que chez les autres. Les résultats permettent aussi de considérer que la représentation de la paternité dans les familles manifestant des difficultés psychosociales peut être différente, à certains égards, des familles ne présentant aucune difficulté particulière. Il importe donc de prendre en considération ce fait dans l’interprétation des résultats. Certaines hypothèses soulèvent l’idée selon laquelle les critères d’évaluation du partage des tâches pourraient différer chez les familles manifestant des difficultés psychosociales par rapport aux familles de classe moyenne n’éprouvant pas de difficultés marquées.

Références

Abidin, R. R. (1995). Parenting Stress Index: Professional Manual (3rd ed.). Odessa, FL: Psychological Assessment Resources, Inc.

Achenbach, T. M. (1991). Manual for the Child Behavior Checklist/4-18 and 1991 Profile. Burlington, VT: University of Vermont Department of Psychiatry.

Barnett, R.C., Baruch, G.K. (1987). Determinants of Father’s Participation in Family Work. Journal of Marriage and the Family, 49, 29-40.

Gibaud-Wallston, J. & Wandersman, L. P. (1978). Development and utility of the Parenting Sense of Competence Scale. Paper presented at the 86th Annual Convention of the American Psychological Association, Toronto, Canada.

Lacharité, C. (1997) Inventaire de participation à la vie familiale : Manuel d’utilisation. Document inédit, Groupe de recherche en développement de l’enfant et de la famille, Université du Québec à Trois-Rivières.

Lacharité, C. & Lachance, D. (1998). Perception de la participation du père à la vie familiale dans les familles manifestant des difficultés psychosociales. Comprendre la famille, Actes du 4e symposium québécois de recherche sur la famille, Presse de l’Université du Québec.

Lepage, L., Vézina, L. et Desrosiers, M. (1990). L’évolution du réseau de support social des parents au cours de la période entourant la naissance d’un enfant. Rapport de recherche. Québec : Université Laval.

Spanier, G.B. (1976). Measuring dyadic adjustment: New scales for assessing the quality of marriage and similar dyads. Journal of Marriage and the Family, 38, 15-28