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Les perceptions d’efficacité parentale en période postnatale

Reece (1992), résumé rédigé par Marie-Eve Genest

Les perceptions d’efficacité parentale sont définies comme « l’ensemble des croyances qu’un parent construit sur ses capacités à mobiliser la motivation, les ressources cognitives et les comportements nécessaires pour rencontrer les exigences du parentage » (de Montigny, 2002). La version française du Parenting Expectations Survey (PES) de Reece (1992; Reece et Harkless, 1998) a été réalisée par Savard en 1997. Cet instrument de mesure vise à évaluer les perceptions et les croyances d’efficacité personnelle des mères tôt en période postnatale. Bandura (1992) a identifié quatre sources d’information qui peuvent influencer les croyances d’efficacité personnelle d’un individu et renseigner celui-ci sur ses capacités et ses limites. Les quatre sources d’information sont les histoires individuelles de réussite et d’échec ou l’expérience antérieure, l’observation d’un modèle ou l’expérience vicariante, des fluctuations dans l’état physiologique et psychologique ainsi que la persuasion verbale.

Le questionnaire de perceptions d’efficacité parentale en période postnatale (PEPP) est composé de 25 items qui reflètent différents comportements spécifiques associés au rôle de parent, par exemple « Je peux m’occuper de l’alimentation de mon bébé ». Le répondant doit choisir, sur une échelle de type Likert en dix points allant de « je ne peux le faire » à « je peux certainement le faire », le chiffre qui représente le mieux la perception qu’il a de lui-même dans son nouveau rôle de parent. Par exemple, si à l’énoncé « Je peux reconnaître quand mon bébé est malade », le parent considère que sa capacité à accomplir cette tâche est nulle, celui-ci pourrait choisir le chiffre 0 correspondant à la proposition « je ne peux le faire ». La passation du PEPP prend approximativement dix minutes et permet à un intervenant de cibler les femmes qui pourraient être à risque de stress élevé dans l’exercice de leur nouveau rôle de parent. L’addition des scores à chacun des items divisés par le nombre total d’items (25) permet d’obtenir un score moyen au PEPP. Plus le score est élevé, plus le répondant a une perception positive de son efficacité parentale.

Fidélité

Le PES, version originale, présente un haut degré de consistance interne. Le coefficient alpha est de 0,91 pour la passation de l’instrument à un mois de la période postnatale. La fidélité test-retest n’a pas été évaluée, puisque les assises théoriques suggèrent que le sentiment d’efficacité parentale évolue au cours du temps (Reece, 1992). La consistance interne de l’instrument traduit est de 0,92 (Savard, 1997). La consistance interne est de 0,91 pour les mères et les pères (de Montigny, 2002).

Validité

Les résultats au PES, mis en relation avec la sous-échelle « évaluation du parentage » de l’instrument What Being the Parent of a Baby Is Like (WPL-R) (Pridham et Chang, 1989), obtiennent des corrélations modérées variant entre 0,40 à 0,75 pour la version originale (Reece, 1992) et de 0,75 et 0,64 pour la version française (Savard, 1997). Ces résultats tendent à confirmer la validité concomitante de l’instrument et supposent que les deux instruments sont conceptuellement similaires tout en étant différents (de Montigny, 2002). La validité prédictive a été évaluée par Reece (1992) en comparant les résultats du PES avec des résultats à d’autres instruments de mesure, notamment le Postpartum Self-Evaluation Questionnaire (PSQ) et le Perceived Stress Scale (PSS) administrés auprès des mêmes répondants un an après la naissance de l’enfant. Il semble qu’une perception positive de son efficacité parentale tôt en période postnatale entraînerait une plus grande confiance dans l’exercice du parentage plus tard au cours de la transition parentale (r = 0.28, p<.01 à un mois et r = 0.40, p<.01 à trois mois), de même qu’un niveau de stress plus bas (r = -0.28, p<.05).

Utilisation en recherche québécoise

L’utilisation du PEPP a permis d’établir certaines relations entre les perceptions d’efficacité des pères et des mères d’un premier enfant et leurs perceptions des pratiques d’aide des infirmières et des événements critiques de la période postnatale, après avoir tenu compte de diverses variables telles que la qualité de l’alliance conjugale, la qualité du soutien social, l’expérience, l’anxiété parentale, les perceptions parentales du tempérament du bébé et le style d’attachement du parent (de Montigny, 2002). Cette étude réalisée auprès de 160 mères et pères primipares contribue à démontrer que « les processus proximaux de perceptions de collaboration, d’aide, de contrôle et d’événements de la période postnatale immédiate influent sur l’issue du développement des perceptions d’efficacité parentale » (de Montigny, 2002).

Certains résultats obtenus diffèrent cependant de certaines études antérieures (Gross, Rocissano et Roncoli, 1989; Savard, 1997; Zahr, 1993), ainsi que de certaines hypothèses issues de la théorie de Bandura (1997). Par exemple, « ni l’état de santé physiologique (caractéristiques de la personne) des parents de cette étude, ni leur histoire de réussites ou d’échec en terme d’expérience antérieure auprès d’enfants (contexte social) n’ont été liés à leurs perceptions d’efficacité » (de Montigny, 2002). En outre, les conclusions de cette étude permettre de constater, à l’instar de Dunst, Trivette et Hambly (1996), que « les comportements, les attitudes, les croyances mis de l’avant par les professionnels de la santé, spécifiquement les infirmières, font une différence dans les perceptions parentales en période postnatale immédiate ».

Références

Bandura (1992). Self-Efficacy: Thought Control of Action. USA : Hemisphere Publishing Corporation.

Bandura, A. (1997). Self-Efficacy: The Exercise of Control. New York : W.H. Freeman and Compagny.

De Montigny, F. (2002). Perceptions sociales des parents d’un premier enfant : Événements critiques de la période postnatale immédiate, pratiques d’aides des infirmières et efficacité parentale. Thèse doctorale en psychologie. Université du Québec à Trois-Rivières.

Dunst, C.J., Trivette, C.M. & Hamby, D.W. (1996). Measuring the helpgiving practices of human services program practitioners. Human Relations, 49(6), 815-835.

Gross, D., Rocissano, L. & Roncoli, M. (1989). Maternal confidence during toddlerhood: Comparing preterm and fullterm groups. Research in Nursing & Health, 12, 1-9.

Pridham, K.F. & Chang, A.S. (1989). What being the parent of a new baby is like: Revision of an instrument. Research in Nursing & Health, 12, 323-329.

Reece, S. (1992). The Parent Expectations Survey: A Measure of Perceived Self- Efficacy. Clinical Nursing Research, 1(4), 336-346.

Reece, S. & Harkless, G. (1998). Self-Efficacy, Stress and Parental Adaptation : Applications to the Care of Childbearing Families. Journal of Family Nursing, 4(2), 198-215.

Savard, J. (1997). Efficacité parentale perçue par des mères primipares exposées ou non aux soins d’infirmières ayant reçu la formation spécifique au programme d’aide périnatale aux parents (PAPP). Mémoire de maîtrise. Université Laval.

Zahr, L.K. (1993). The confidence of Latina mothers in the care of their low birth weight infants. Research in Nursing & Health, 16(5), 335-342.