En 2013-2014, 385 937 enfants sont nés au Canada. La transition à la parentalité est un événement majeur qui affecte toutes les composantes de la santé psychosociale des familles – santé mentale des pères et des mères; qualité des relations conjugales, co-parentales, parentales, fraternelles et sociales. Toutefois, encore aujourd’hui, les effets de cette transition sur les trajectoires de vie des parents, des couples et des enfants ne reçoivent par toute l’attention méritée. Depuis plus de 50 ans, on sait que l’année suivant la naissance de l’enfant est stressante pour le couple. Dans certains cas, l’insatisfaction conjugale peut même conduire à la dissolution du couple. Au Canada, le taux de divorce/séparation, qui est de l’ordre de 50%, est en soi préoccupant. Cependant l’augmentation la plus marquée au cours des dernières années concerne les familles où les enfants sont âgés de deux ans et moins. Dans une perspective de prévention et de promotion, des efforts importants doivent être alloués pour soutenir les premières étapes de la transition à la parentalité.
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Parent
Les troubles de santé mentale paternelle sont très peu documentés, particulièrement au Canada. Pourtant, les travaux de la Chaire ont démontré que les pères présentent des facteurs de risque liés au genre qui les prédisposent à une plus grande détresse périnatale. Par exemple, ils ont un réseau de soutien plus restreint et plus de difficultés que les femmes à demander et accepter de l’aide. Lorsqu’ils le font, ils composent parfois avec les préjugés négatifs des intervenants à leur endroit, qui ont comme attentes que les hommes soutiennent leur conjointe et soient « forts ».
Une étude réalisée par la Chaire auprès de 209 pères québécois a détecté que 8,3% des pères présentaient des symptômes dépressifs 11 mois après la naissance de leur enfant, des résultats qui corroborent ceux observés à l’international. Ainsi, la dépression paternelle au Québec serait presque trois fois plus importante en période postnatale que dans la population masculine en général. Au-delà des facteurs de risque connus, tels une relation maritale insatisfaisante, notre étude a fourni de nouvelles connaissances. Elle a illustré que les hommes ayant vécu un décès périnatal lors d’une grossesse précédente étaient plus à risque de dépression lors d’une autre naissance. Les pères ayant de faibles perceptions d’efficacité comme pères, et des interactions plus difficiles avec leur enfant sont aussi plus à risque de dépression et d’un stress postnatal élevé.
Certaines recherches internationales ont identifié des conséquences de troubles de santé mentale paternelle sur le développement de l’enfant, par exemple, des troubles internalisés et externalisés. Ces études sont rarement conduites au-delà de la première année de vie de l’enfant, alors que tout indique que la santé mentale des pères pourrait se détériorer de la période prénatale à la petite enfance. Mis à part ces quelques constats, la recherche sur la santé mentale paternelle de la grossesse à la petite enfance est encore embryonnaire. Les connaissances étant rudimentaires, ceci se traduit dans les services de santé. Les pères font état d’un manque de services de santé de dépistage ou de traitement. Peu d’initiatives sont proposées pour promouvoir la santé mentale paternelle en période périnatale. La programmation de la Chaire contribuera à fournir des données canadiennes pour modéliser la santé psychosociale des pères et leur famille. Des initiatives basées sur ces données seront implantées et évaluées. Les travaux de la Chaire contribueront au mieux-être des familles canadiennes en améliorant les services, les soins et les pratiques à l’égard des pères et leur famille.