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L’inventaire des perceptions néonatales

Broussard et Hartner (1970), résumé rédigé par Marie-Eve Genest

L’inventaire des perceptions néonatales (IPN) de Broussard et Hartner (1970) mesure « les perceptions des parents des comportements de leur enfant par rapport à ceux d’un bébé moyen ». Cet instrument est composé de six énoncés décrivant certains comportements d’un nouveau-né, soit les pleurs, la régurgitation, le sommeil, l’alimentation, l’élimination et la prévisibilité de l’horaire. Ces éléments ont été choisis par les auteurs puisqu’ils sont reconnus comme étant des sources de préoccupation chez les mères à l’égard de leur nouveau-né. Ils réfèrent également aux domaines cruciaux reflétant le fonctionnement de l’interaction mère-enfant durant la période néonatale (Broussard, 1978).

Les réponses du parent sont fournies sur une échelle de type Likert en cinq points. Le score de l’IPN est obtenu en soustrayant le score du bébé du score de l’enfant moyen. Cette différence permet de classer l’enfant comme meilleur, pareil ou plus difficile qu’un bébé moyen. Un score élevé reflète une perception positive du comportement du bébé, alors qu’un score bas ou négatif est indice d’une perception parentale négative de son enfant. La passation du questionnaire se fait en deux temps, soit à un ou deux jours de la période postnatale et un mois plus tard. Lors de chaque passation, le parent est invité à répondre aux questions selon deux perspectives distinctes : le comportement ciblé pour l’enfant moyen et le comportement ciblé pour son enfant. Voici un exemple d’énoncé :

Dans quelle mesure pensez-vous que le bébé moyen pleure ?

Énormément Beaucoup Moyennement Un peu Pas du tout

Mon bébé pleure…

Énormément Beaucoup Moyennement Un peu Pas du tout


Fidélité

Une version française a été réalisée de façon indépendante et obtient un coefficient alpha de 0,76 pour les mères et les pères (de Montigny, 2002). La consistance interne de la version originale de l’IPN n’est toutefois pas disponible dans la littérature. La fidélité test-retest de la version originale évaluée sur une période temporelle de deux jours varie entre 0,70 et 0,82 (Zelkowitz et Milet, 1997).

Validité

Une étude longitudinale réalisée auprès de 318 enfants en santé et nés à terme de mères primipares tend à confirmer l’hypothèse voulant que la perception des mères primipares à l’égard de leur enfant, à un mois de la période postnatale, soit une valeur prédictive du développement socioémotionnel ultérieur de l’enfant (Broussard et Hartner, 1970). En effet, 120 sujets de la population originale de nouveau-nés ont été évalués à l’âge de quatre ans et demi par deux psychiatres pour enfants n’ayant pas connaissance des résultats antérieurs à l’IPN (Broussard, 1978). De façon significative (P<.001), les enfants ayant été identifiés à haut risque de développer des difficultés psychosociales à un mois de la période postnatale (score bas ou négatif à l’IPN) présentaient divers problèmes émotionnels à l’âge de quatre ans et demi, alors que cette proportion était plus faible chez les nouveau-nés ayant été identifiés à faible risque. Des résultats similaires ont également été concluants lors de l’évaluation d’un certain nombre de sujets de la population originale âgés de dix à onze ans. Ces résultats n’ont cependant pu être reproduits auprès d’un échantillon différent (Palisin, 1980).

Utilisation en recherche québécoise

L’IPN a permis d’examiner le développement des perceptions d’efficacité parentale auprès de 160 mères et 160 pères d’un premier enfant en période postnatale immédiate (de Montigny, 2002). La variable « perceptions des parents du tempérament de l’enfant », mesurée par l’IPN, est en effet considérée comme un élément de l’environnement des parents susceptible de contribuer à l’expérience parentale postnatale. Les scores moyens à l’IPN étaient respectivement de 3,17 et de 4,33 pour les mères et pour les pères, avec un écart-type de 3,14 et de 3,37. Les résultats de l’étude indiquent que cette caractéristique du contexte interpersonnel, c’est-à-dire le tempérament du bébé, bien que faisant partie de l’environnement des parents, ne contribue pas au développement des perceptions d’efficacité des parents.

Références

Broussard, E.R. (1978). Psychosocial Disorders in Children : Early Assessment of Infants at Risk, Continuing Education, 8(2), 44-57.

Broussard, E.R. & Hartner, M.S.S. (1970). Maternal perception of the neonate as relates to development. Child Psychiatry and Human Development, 1(1), 16-25

De Montigny, F. (2002). Perceptions sociales des parents d’un premier enfant : Événements critiques de la période postnatale immédiate, pratiques d’aides des infirmières et efficacité parentale. Thèse doctorale en psychologie. Université du Québec à Trois-Rivières.

Palisin, H. (1980). The Neonatal Perception Inventory: Failure to Replicate. Child Development, 51, 737-742.

Zelkowitz, P. & Milet, T.H. (1997). Stress and Support as Related to Postpartum Paternal Mental Health and Perceptions of the Infant. Infant Mental Health Journal, 18(4), 424-435.