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L’anxiété situationnelle

Spielberger (1983), résumé rédigé par Marie-Eve Genest

L’anxiété situationnelle se définit comme « un état émotionnel transitoire, caractérisé par un sentiment subjectif et conscient de tension, d’appréhension, de nervosité, d’inquiétude et d’une augmentation de l’activité du système nerveux autonome » (Spielberger, 1988). Pour sa part, le trait d’anxiété réfère à « des différences individuelles relativement stables dans la prédisposition à percevoir plusieurs situations comme dangereuses ou menaçantes et à répondre à ces situations avec une élévation d’anxiété situationnelle » (Spielberger, 1988). L’Inventaire d’anxiété situationnelle et de trait d’anxiété (Forme Y) développé par Spielberger en 1983 est considéré comme le test psychométrique le plus populaire pour mesurer l’anxiété. La traduction française de cet instrument a été réalisée par Gauthier et Bouchard (1993) selon les recommandations de Spielberger (1983) en matière de traduction et d’adaptation. Une étude de Gauthier et Bouchard (1993) stipule que « les différences potentielles entre les versions anglaise et française sont minimes et que, dans la pratique, il est possible de considérer avec un degré de confiance acceptable que ces deux versions sont statistiquement équivalentes ».

L’Inventaire d’Anxiété Situationnelle et de Trait d’Anxiété Forme « Y » (IASTA-Y) est composé de deux parties distinctes de 20 énoncés chacune. L’échelle d’anxiété situationnelle évalue l’état émotionnel actuel du sujet, c’est-à-dire « comment l’individu se sent maintenant, à ce moment-ci, en terme d’appréhension, de tension, de nervosité ou d’inquiétudes ». Dix énoncés de cette échelle se réfèrent à la présence d’affect négatif (par exemple « être nerveux »), alors que les dix autres se réfèrent à la présence d’affect positif (par exemple « être calme »). Le répondant indique ses réponses à une échelle de type Likert à quatre points variant de « pas du tout » à « beaucoup » qui spécifie le niveau d’intensité des sentiments ressentis.

L’échelle de trait d’anxiété permet d’évaluer l’état émotionnel habituel du sujet. Le répondant identifie la fréquence à laquelle il ressent habituellement les symptômes énumérés sur une échelle de type Likert à quatre points variant de « presque jamais » à « presque toujours ». Dans cette échelle, onze énoncés se réfèrent à la présence d’affect négatif (par exemple « avoir des pensées troublantes »), alors que neuf se réfèrent à la présence d’affect positif (par exemple « être bien »).

Les résultats à chacune des deux échelles s’obtiennent en calculant la somme des points accordés par le sujet à chaque item manifestant la présence d’affect négatif et le pointage inversé de chaque item manifestant la présence d’affect positif. Ainsi, un score élevé indique la présence d’anxiété. Le score global varie entre 20 et 80 à chaque échelle. La passation du questionnaire nécessite environ de 10 à 15 minutes, bien qu’aucune limite de temps ne soit fixée. Spielberger recommande l’administration de l’échelle d’anxiété situationnelle en premier lorsque les deux échelles sont administrées.

Fidélité

La consistance interne de l’échelle d’anxiété situationnelle, dans sa version française, présente un indice alpha de Cronbach de 0,90 pour les échantillons d’étudiants masculin et féminin (Gauthier et Bouchard, 1993). Ces résultats se comparent à ceux obtenus par Spielberger (1983) pour la version anglaise, celui-ci ayant obtenu un indice alpha de Cronbach respectivement de 0,86 et 0,94 pour les échantillons masculin et féminin, l’indice alpha de 0,86 étant le seul en dessous de 0,90. La consistance interne de cette même échelle mesurée auprès d’un échantillon de mères et de pères primipares est de 0,91 pour les mères et de 0,84 pour les pères, comprenant le retrait de la question 18, car négativement corrélée aux autres énoncés (deMontigny, Lacharité et Amyot, 2006). L’indice alpha pour l’échelle de trait d’anxiété est de 0,91 pour la version française, alors qu’il était de 0,90 pour la version originale (Gauthier et Bouchard, 1993).

Validité

L’IASTA-Y dans sa version originale présente d’excellentes propriétés psychométriques. Sa validité de construit a été démontrée dans différentes populations et dans une multitude de situations anxiogènes. Cet instrument a également été mis en relation avec plusieurs autres instruments de mesure, notamment le Minnesota Multiphasic Personality Inventory, l’échelle d’anxiété de l’Institute for Personality and Ability Testing, le Taylor Manifest Anxiety Scale, le Jackson’s Personality Research Form et l’Edwards Personal Preferences Schedule (voir Spielberger, 1983). La sensibilité des items aux variations d’anxiété dans différentes situations anxiogènes a également été démontrée. De nombreuses données corroborent également la validité de la traduction française. L’analyse de la structure factorielle a en effet permis de démontrer l’existence de deux facteurs distincts correspondant aux deux échelles de l’instrument, expliquant 79 % et 75 % de la variance totale de l’échantillon respectivement féminin et masculin (Gauthier et Bouchard, 1993). De plus, comme prédit, lorsque des sujets sont exposés à une situation anxiogène, les résultats à l’échelle de trait d’anxiété restent stables, alors qu’une augmentation significative des résultats est observée à l’échelle d’anxiété situationnelle (Gauthier et Bouchard, 1993).

Utilisation en recherche québécoise

L’échelle d’anxiété situationnelle de l’IASTA-Y a permis d’examiner la nature des facteurs qui déterminent les perceptions d’efficacité parentale en période postnatale immédiate auprès de 160 mères et 160 pères d’un premier enfant (deMontigny et al, 2006). Cette étude fait ressortir une association directe entre l’anxiété situationnelle et les perceptions d’efficacité parentale, de sorte que plus le parent est calme, plus il se perçoit efficace (deMontigny et al, 2006). Ces résultats renvoient donc à l’importance de l’état psychologique de l’individu dans la construction de ses perceptions d’efficacité.

Références

Bouchard, S., Gauthier, J., Thibodeau, C., & Ivers, H. (1999). L’inventaire d’Anxiété Situationnelle et de Trait d’Anxiété Forme « Y » dans une population d’étudiant(e)s de niveau collégial, Revue Canadienne de Psycho-Éducation, 28(2), 279-288.

de Montigny, F., Lacharité, C., Amyot, E. (2006). Tornar-se pai: modelo da experiência dos pais em período pós-natal. (Becoming Parents : a Model of Parents’ Experience in the Postnatal Period). Paidéia, 16(3), 25-37.

Gauthier, J., & Bouchard, S. (1993). Adaptation canadienne-française de la forme révisée du State-Trait Anxiety Inventory de Spielberger, Revue canadienne des sciences du comportement, 25(4), 559-578.

Spielberger, C.D. (1983) Manual for the State-Trait Anxiety Inventory (STAI), Palo Alto, CA : Consulting Psychologists Press.

Spielberger, C. D. (1988). Manual for the State-Trait Anger Expression Inventory (STAXI). Odessa, FL: Psychological Assessment Resources.